Stage international de Jodo

Belo Horizonte, Brésil

Du 1er août au 8 août 2006, le 10e stage international de Jo a eu lieu dans la Province de Minas Geraïs, au Brésil. Organisé par le groupe de Shikanai Sensei, Professeur d'Aikido dans la région, le stage était dirigé par Me Nishioka, Me Relnick et moi-même.

J'avais choisi pour thème de stage « Daidô Mumon » Pas de portails aux grandes idées. C'était en effet la première fois que Shintô Musô Ryû organisait une rencontre internationale en Amérique du Sud. La philosophie incluse dans la pratique de notre art est maintenant vraiment universelle.

Un peu plus de 50 personnes étaient présentes. Une majorité de Brésiliens, quelques Etats-Uniens, quelques Japonais, un Israélien et 16 Européens. La faillite, en juillet, de la Compagnie d'aviation Varig a mis plus d'un candidat à ce stage dans l'embarras. Listes d'attente, billets annulés, et j'en passe... ce fut pour certains un vrai parcours du combattant. D'où l'absence de plus de 10 Européens, des Australiens et des Malaisiens. Moi-même, accompagné de mon fils Yanoé, n'étais pas sûr de partir le jour même... de mon départ. Après une attente de 24 heures au comptoir de la Varig à Francfort, c'est dans un avion bourré au maximum que nous avons effectué les 12 pénibles heures jusqu'à Rio.

Brazil 2006
Salut Phil, ça a déjà commencé ?

Le stage s'est déroulé dans un centre sportif SESC, assez populaire au Brésil. Malgré la sécurité impressionnante (tessons de bouteilles couronnant les murs d'enceinte, barbelés, portes en fer, murs, hauts-parleurs et gardes de sécurité), le site était par ailleurs de toute beauté grâce à une végétation luxuriante, singes et paons en liberté, multiples terrains de football. Nous n'étions bien entendu pas les seuls dans cet immense camp et, le week end surtout, notre groupe de Jo était vraiment perdu dans la masse des footballeurs et autres gymnastes. Cela nous rappelait un peu le stage de Lignano, en Italie, en 2004.

Brazil 2006
Vincent et Gilles en pleine démonstration
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Un des trop rares moments d'entraînement commun, Happo-giri au Ken dirigé par votre serviteur

Techniquement, comme tout stage sous l'égide de Nishioka Sensei, il y avait des détails croustillants, éclairants et très intéressants. Malgré un gros retard pris dès le début sur le programme dû à de longues explications, le Ryu a pu être couvert presque entièrement. A mon humble avis, la partition des stagiaires en deux groupes, les débutants d'un côté (avec Me Relnick) et les avancés de l'autre (avec moi-même et Nishioka Sensei) m'a paru moins productive, tant et si bien que les deux derniers jours, je me suis trouvé en train de faire le cours exclusivement aux Européens et deux Etats-Uniens.

Les principales corrections techniques que j'ai retenues pour nous (la FEJ) étaient principalement une plus grande conscience de la fermeture des aisselles dans la plupart des techniques. Rester groupé pour effectuer tout mouvement m'a paru une correction allant bien dans le sens qu'a cherché à promouvoir Nishioka Sensei depuis Hawaii (1994). Cela réduit l'apport musculaire des bras et du haut du corps et augmente la puissance puisque cette dernière vient de la totalité du corps en mouvement.

Brazil 2006
Comme à chaque rencontre, des discussions très intéressantes avec Nishioka Sensei
Brazil 2006
Beaucoup de discussions, mais non sans humour, ici, à mes dépends, je crois, à voir l'expression de Me Relnick

Le stage a été scindé en deux avec une visite merveilleuse, le vendredi 4 août, de la cité Ouro Preto (or noir) protégée par l'UNESCO. La cité d'Ouro Preto nous renvoie au 18e siècle portugais. Cette cité doit sa prospérité aux nombreuses mines d'or qui entourent la ville de toutes parts. Une belle journée légèrement assombrie par un petit accident de Sensei qui s'est pris le pied dans un étalage et s'est sévèrement ouvert le nez sur une sculpture totalement inoffensive.

Brazil 2006
Laurel et Hardy à Ouro Preto
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Architecture baroque typique de Ouro Preto

Il n'y eut pas d'examens à ce stage, comme à l'accoutumée, mais Me Relnick a décerné un Menkyo Kaiden à Me Quintin Chambers (l'aîné des pratiquants de la Fédération internationale de Jo) ainsi qu'à sa femme, Nobuko San.

Un Embu a clôturé le stage le dernier jour, puis après une soirée bien arrosée pour certains et une démonstration de Capoeira, il a fallu pour certains d'entre nous se replonger dans les tracasseries de billets annulés ou de vols retardés.

La valeur du Kiai

La plupart des Européens se sont ensuite égayés dans tout le pays. Ils/elles vous raconteront cela lors de nos prochaines rencontres. Pour ma part, je me suis dirigé vers le Nord et Yanoé et moi avons passé deux semaines à Salvador de Bahia, ville merveilleuse, pleine de surprises, mais où l'insécurité, comme dans la plupart du pays, est palpable. Pour terminer ce rapport, laissez-moi juste vous dire que, attaqué par derrière par un jeune homme qui voulait m'arracher ma banane, en pleine rue vers 20h00, j'ai gonflé mon ventre pour lui emprisonner sa main fermement accroché à ma ceinture et, en me retournant brusquement, ai rapproché son visage très près du mien pour lui envoyer un Kiai de derrière les fagots à travers le visage. L'expression que je lui ai vue était, c'est vrai, assez réjouissante pour moi. Il a lâché prise et s'est enfui à toutes jambes en se demandant sur quel fou il avait bien pu jeter son dévolu. Pour quelqu'un de non-entraîné, il est vrai que le Kiai peut être efficace. Je n'en remercie pas moins humblement la providence de ne pas avoir mis une arme dans la main de ce jeune homme, ni de l'avoir fait accompagner par quelques sbires.

Brazil 2006

Pascal Krieger




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